La chèvre et le paysan

Un paysan fort bien chevronné
Sculpté dans l’âge des années de métiers
Vit un jour une de ses chèvres s’égarer
« Où pars-tu comme ça ? » lui cria l’homme des terres
« Epris de liberté, je m’en vais ventre à terre »
Lui répondit la bique de son fort caractère
« Et qui te traira donc quand le lait gonflera
Tes mamelles bien dodues, tu bêleras à tout va »
Le caprin bien malin n’eut que faire de tout ça
Et pris au pti’ matin le chemin qui menait
Tout droit dans la campagne vers les plus beaux genets
Puis les années passèrent et la chèvre solitaire
S’ennuyait quelque peu dans son havre délétère
Et rêvait du bon temps ou fière et bien seyante
Broutait paisiblement en attendant le soir
Elle délectait ce foin goutu et abondant
Fauché avec les soins de son maitre gaillard
 
C’est alors qu’un beau jour le paysan 
allant travailler dans son champ la faucille à l’épaule
Croisa sur son chemin ce bon vieux ruminant
Qui boitait quelque peu, la barbe trainant au sol : 
« A qui de traire se doit je remet mes mamelles » 
Entre vos mains expertes je paierai la gabelle »
Dit la biquette ermite ma foi fort bien instruite
De son regard malin le chevrier câlin
Ne pouvais refuser cette opportunité
Ils se firent la promesse pour le meilleur ou voir le pire
De se chèvrerire l’un l’autre jusqu’à ce que le lait eu tari
Et c’est main dans la patte unis par les liens du lactose
Que la chèvre et le paysan, crois-moi si tu l’oses
rejoignirent le troupeau qui paissait dans les champs. 
 
Léo Douilon